Carnoët

Carnoët et le site de Saint-Gildas sur la carte de Cassini 

 

Le terme carn ou cairn désigne une éminence de terre qui recouvre une sépulture(tumulus en latin). Ce tombeau, dont nous retrouvons aussi l’étymologie dans le nom de Carnac , témoigne de l’ancienneté d’une présence humaine à Carnoët. A la fin du XIXème siècle, on répertorie à Carnoët deux menhirs de trois et cinq mètres de haut et cinq tumulus, dont celui de Saint-Gildas.

 

Vorgium (nom latin de Carhaix), ville carrefour de l’occupation romaine, avait déterminé des points de surveillance pour les voies de communication. Trois voies romaines passent par Carnoët, dont une au pied du Tossen Sant Gweltas. Que la butte ait pu servir d’observatoire est une hypothèse très probable. Quand à celle d’un camp romain, nulle réalité historique ne la confirme, malgré l’observation sur le terrain en 1931 d’un enclos bien structuré. 

La motte féodale et la chapelle Saint-Gildas

Valléé des Saints_Vue de la chapelle Saint Gildas (1)

Tossen Sant-Gweltaz

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La motte féodale

Tumulus, oppidum, motte…La position dominante du site a toujours été un point stratégique de surveillance et de défense. Les mottes castrales ou féodales (si rattachée à un fief) sont des buttes artificielles qui constituent la base des premiers châteaux de bois médiévaux entre l’an 1000 et 1250. On ne connait pas la date de construction de celle dite de Saint Gildas. 

Il ne reste plus de traces de la construction érigée dans le cratère, mais nous savons que la tour de guet en bois qui en occupait le centre était entourée d’une haute et solide palissade.

Le « château » était isolé des autres défenses par un profond fossé circulaire de 120 mètres de circonférence , fossé épaulé par un contrefort de terre de cinq mètres de haut et six mètres de large. Une passerelle amovible , ancêtre du pont-levis, en permettait l’accès. Un premier ouvrage défensif en forme de croissant de quatre-vingts mètres de long avec talus et palissade était en avant-poste. 

Cet ensemble, selon l’historien Frédéric Morvan, dominait une enceinte rectangulaire en bois située à une centaine de mètres, d’origine sans doute gallo-romaine, qui comprenait écuries, habitations, chapelle et bâtiments agricoles. 

Il ne reste de la configuration médiévale que la motte et son fossé, tous les autres vestiges de terre ont été détruits. 

La bataille des Bretons contre Richard Cœur de Lion

C’est une réalité historique, une bataille a bien eu lieu sur le site : « en Cornouaille, près de la ville de Kaerhes » au début de l’année 1197. Sur place, quelques indices étymologiques: Guerzozic ou Kersaozon (le village de l’Anglais), Parc ar Veret (le champ du cimetière) mais surtout l’oralité qui nous a transmis de génération en génération le lieu de la bataille : le Tossen Sant Gweltaz- ou Veltas (colline Saint Gildas) à Carnoët.

Les protagonistes : d’une part, une coalition de barons bretons défendant les droits de succession d’Arthur de Bretagne, fils de la duchesses Constance et de feu Geoffroy II de Bretagne ou Geoffroy Plantagenêt ; d’autre part, l’armée du roi d’Angleterre, Richard 1er dit Richard Coeur de Lion (oncle d’Arthur de Bretagne) , composée en grande partie de mercenaires. Richard, suite à la mort de son frère voulait s’emparer de son neveu pour en assurer la tutelle et ainsi rester maitre de la Bretagne.

 

D’après certains historiens, la bataille fit 6 000 morts. Mais une chose est certaine, c’est la tombée de la nuit, précoce en janvier-février, qui sauva l’armée de Richard de la déroute totale. Carnoët fut bien le théâtre d’une bataille importante, dont la victoie reste aux Bretons qui ont pu démontrer ici leur capacité de mobilisation contre un adversaire redouté. 

Et plus "récemment"

La motte féodale sera vendue en même temps que la chapelle en 1703 à Charles Fleuriot de Langle, le grand-père du navigateur mort en Papouasie avec Lapérouse et qui a cartographié l’Ile de Pâques.  La famille Fleuriot de Langle gardera la seigneurie de Carnoët jusqu’à la révolution. 

La motte féodale verra passer au milieu du XIXème siècle des sociétés archéologiques avides de « vestiges gaulois ».

 

 

 Au début du XXème siècle, le site accueillera des rassemblements néo-druidiques sous la férule du « barde » local, Taldir, François Jafrennou. On raconte également que Sébastien Le Balp, chef de file de la révolte des Bonnets rouges de 1675,  aurait harangué une dernière fois ces hommes sur le Tossen Sant-Gweltaz avant d’être assassiné à Poullaouen. 

En 1997, Rémy Lorinquer, alors maire de Carnoët, aura l’excellente idée de faire acquérir le site par la commune.  La seconde enceinte de la motte avait déjà été arasée par les tracteurs. 

L'évolution du site vu du ciel

La motte féodale dessinée par le Vicomte Frotier de la Messelière en 1931

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Le site en 1952

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Le site en 1998

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Le site en 2003

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Le site en 2008

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Le site en 2011 avec les premières statues

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Le site en 2012

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Le site en 2015

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Le site en 2018

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Le site en 2021

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